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blog different
29 mars 2008

In media res

Le silence que j'ai observé ces dernières semaines était dû au vent de folie pure qui a soufflé sur ma vie depuis un mois. Ou devrais-je dire, de l'ouragan, qui m'a prise en un point A et déplacée vigoureusement, non sans m'avoir essorée et fait tourbillonner la tête en bas, jusqu'au point Z environ.

Tout a commencé le week-end de mon anniversaire, lorsque ma mère venue de Genève m'a annoncé, dix minutes avant de remonter dans le train, qu'elle ne comptait plus m'aider à boucler mes fins de mois, que j'avais 34 ans, et qu'il était grand temps que je me débrouille toute seule. Ce qui, sur le fond, n'est pas faux. Mais c'était juste un peu faire comme si, ces dernières années, je n'avais pas envoyé environ 400 candidatures à des jobs divers et variés (plus ou moins proches de mes aspirations réelles), restées pour la plupart sans réponse. Et puis, c'était surtout me couper l'herbe sous le pied à un moment clef où je prenais sérieusement les choses en main en commençant à monter mon entreprise pour élargir mon champ d'activité (proposer des prestations photographiques et journalistiques aux entreprises, puisque je pourrais désormais facturer). Pour finir, ma mère ne me laissait que deux mois pour trouver une solution. Alors, outre le fait que ce type de décision aurait mérité un minimum de concertation (et pas une annonce brutale avant de ressauter dans le train pour l'étranger), connaissant ma mère, je me suis dit qu'il valait mieux que j'utilise mon énergie pour faire face plutôt que pour défendre une cause perdue d'avance, la mienne. D'autant que l'arrivage dans sa vie d'un nouveau boyfriend n'était certainement indifférent à l'affaire. C'était presque écrit sur son front tandis qu'elle me parlait.

Tout cela recelait une amère saveur de déjà vécu. L'année de mes vingt-cinq ans, mon père m'avait coupé les vivres. Il payait alors mon loyer pendant que j'étais à l'université. J'avais appris le jour où un huissier avait sonné à ma porte que mon père avait cessé depuis déjà deux mois de payer mon loyer après une lettre recommandée à mon gérant, lettre dont, pour rendre la situation plus ludique, je n'avais bien évidemment pas été informée. Propulsée instantanément dans une situation désespérée, je n'avais eu que deux jours pour trouver un travail. J'avais téléphoné à une copine qui travaillait chez un opérateur téléphonique et qui m'avait dit qu'ils recrutaient. Le lendemain j'avais l'entretien, le surlendemain, le job.

S'étaient ensuivis quelques charmants mois de prostitution téléphonique sur le mode "Bienvenue chez Un.Tel, Blogdifferent à votre service, que puis-je faire pour vous?", ponctués de "salope!" fleuris et de raccrochages au nez intempestifs. Un bonheur de tous les instants que ce job où mes supérieurs hiérarchiques australiens se poudraient le nez aux toilettes pour supporter eux-mêmes l'ennui de leurs journées. Mais cela explique désormais la grande humanité dont je fais preuve quand un télévendeur essaie de me démarcher par téléphone. Télévendeur, c'est le McDonald's du job de bureau, le bas du fond du trou du cul de l'échelle professionnelle, avec la pléthore d'humiliations quotidiennes que cela engendre. Finalement, c'était une jolie fin pour Un.Tel que de se faire racheter par la maison mère de Free, dont le richissime fondateur Xavier Niel (19ème fortune de France quand même) est tombé pour proxénétisme.

Enfin voilà, tout cela pour dire que, de la manière la plus inattendue qui soit, je suis passée du sous-emploi au sur-emploi à plus de cinquante heures par semaine. Blogdifferent a trouvé un boulot et a perdu le temps de faire la moindre autre chose de sa vie.

La suite au prochain épisode...

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Commentaires
B
Je suis revenue...!
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M
bientôt un mois sans nouvelles...<br /> reviens nous vite!<br /> <br /> marylène
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