Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
blog different
2 novembre 2008

Dans la tourmente

Voilà longtemps que je n'avais pas eu un tel sentiment d'inadéquation intellectuelle. Depuis la khâgne, pour être exacte. Je me souviens encore péniblement de la centaine d'heures passée sur une dissertation de lettres pour me récolter un 3/20.

Après les statistiques amusantes de la préparation à l'agrégation, vient le temps des doutes, des remises en questions, de l'auto-dépréciation. Certes, nous en sommes tous là. Mais du lot semblent émerger quelques têtes dont l'on devine à l'avance qu'elles sortiront triomphantes de cette épreuve. Les bêtes en linguistique, celles qui ont déjà ingurgité tous les livres en civilisation, celles qui avaient déjà lu tout le programme avant même le début des cours (oui, j'ai oublié de le préciser, mais nous ne sommes que des filles, 19 filles en  Agrég). Je n'ai pas le sentiment d'en faire partie. Je travaille avec une lenteur navrante, je lis comme un escargot, je ne mémorise rien, c'est fou comme j'ai l'impression d'avoir passé l'âge de tout cela. J'ai l'impression de courir droit à l'échec. Je n'ai jamais été une bête de concours, mon truc, c'est d'être un rat de bibliothèque, une bête de recherches. La compétition, le bachotage à outrance, le gavage à l'entonnoir de livres et de dates absconses, je n'ai jamais été faite pour ça.

Certes, je n'avais pas la vocation d'être prof à l'époque où j'ai passé le Concours de Normale, certes, je ne voulais pas devoir dix ans de ma vie à l'État et courir le risque d'être affectée à Dunkerque ou au fin fond de l'Ardèche. Certes, j'ai trouvé ça plus rigolo de jouer ma rebelle et de rendre des copies blanches. Au fond, on ne se rebelle jamais que contre soi-même. Comme je me mords les doigts de cette inconséquence de naguère! Être passée si près de la sécurité, d'une carrière toute tracée et privilégiée par le sésame Grande Ecole. Si quelqu'un avait pu tenir le miroir de l'avenir devant mes yeux à cette époque-là, comme mes choix eussent été différents!

Je n'avais pas conscience alors d'avoir bifurqué sur une voie de garage. A 19 ans, comment peut-on imaginer que nos choix résonneront encore péniblement seize ans plus tard? Et nos élèves, qui sont de plus en plus immatures, de moins en moins responsables à cet âge, qu'adviendra-t-il d'eux lorsqu'à leur tour, ils feront ces choix mal informés, dans une société perpétuellement en crise et de moins en moins prête à les accueillir et à leur offrir des débouchés professionnels?

Publicité
Commentaires
C
Bah, il y en a comme ça qui ont l'air super calés, ça ne les empêche pas toujours de craquer le jour fatidique ! Continue à ton rythme, tu n'es pas obligée d'avoir l'Agreg du premier coup, non plus.<br /> Concernant les regrets, tu as fait les choix qui te semblaient naturels à l'époque. Je conçois très bien qu'on n'ait pas envie de rentrer dans une grande école à 18 ans, c'est l'âge où on a envie d'élargir son horizon, pas de rentrer dans un carcan scolaire encore pire que le lycée !
Répondre
M
Je n'avais pas la notion que l'agrég. était indispensable pour s'inscrire en thèse : il "suffit" de trouver le sujet ET le directeur de thèse ET une équipe de recherche, les deux premières conditions étant les plus importantes, non ? Et quand vous passez votre thèse, avec un plan de carrière si possible préparé en amont avec directeur de thèse et/ou autre responsable universitaire qui vous soutient, il faut encore être sur la liste d'aptitude... et puis surtout avoir un poste budgétaire sur lequel postuler (préparation en amont, encore...). Même si chaque année il y a plein de postes de profs de langues à affecter dans le supérieur au BO, se préparer pour un hypothétique emploi de MCF sans avoir assuré ses appuis, c'est risqué, non ? Et puis il faut publier des articles de recherche, ou écrire des chapitres, voire des ouvrages entiers. Concernant l'agrég. vs CAPES d'autre part, il me semblait qu'on pouvait parfaitement réussir l'un et rater l'autre et inversement, alors pourquoi ne viser que le CAPES ? Vous avez raison de viser haut. Mais je ne suis enseignant hospitalo-universitaire donc pas tout à fait dans votre environnement et il se peut que mes idées soient hors du coup. Vous m'excuserez si c'est le cas... Sinon je vous souhaite bon courage, bonne chance et je vous assure d'un amical soutien psychologique à distance. Faites attention à ce que certains universitaires vous disent, il faut trouver le ou les bons interlocuteur(s), ceux wui aident vraiment et ne se contentent pas d'idées générales.
Répondre
É
Faute de grives, on mange des merles !<br /> J'espère que tu t'es quand-même inscrite au Capes aussi, ça peut toujours servir...
Répondre
B
La réponse est simple: parce que je veux enseigner en Fac. Et que je n'ai aucune chance d'y parvenir sans Agreg.<br /> <br /> Et je sais que je n'ai aucune chance d'avoir l'agreg si je travaille en même temps l'an prochain. <br /> <br /> Et puis, si je ne peux enseigner en Fac, je préfère avoir moins d'heures en collège et lycée pour pouvoir me consacrer plus au journalisme qui, ne l'oublions pas, est quand même ce qui m'intéresse le plus. <br /> <br /> Également, je veux m'inscrire en thèse à la rentrée (toujours dans cette perspective d'avoir un poste en Fac) et l'on m'a clairement dit à la Fac, "inutile de vous inscrire en thèse si vous n'avez pas l'Agreg". Comme ça au moins, c'est clair...
Répondre
É
BD, pourquoi aussi vises-tu tout de suite l'Agreg ? Tu pourrais commencer par viser le CAPES. Une fois dans les lieux, il y a bien des voies possibles, l'Agreg en est une. <br /> Tout le monde sait que l'Agreg est une question de chance et de bachottage, ne va pas y perdre ton narcissisme. C'est Écho qui te le dit.
Répondre
Publicité
Publicité