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blog different
30 octobre 2007

Une page de publicité

Je n'ai pas été très loquace ces derniers jours. Faut dire que l'internet m'ennuie ces temps-ci. Il fallait bien que ça arrive. Mais ça valait presque le coup de me reconnecter aujourd'hui pour trouver dans ma boîte à lettre un mail intitulé "George Clooney vous attend". Hélas envoyé par Nespresso pour m'encourager à commander de nouvelles capsules.

Faut dire aussi que depuis cinq jours, je suis malaaaaade. Et comme ça faisait longtemps que je n'avais pas critiqué quelque chose ici (hein), je vais vous dire que c'est la faute de mon généraliste. Je vais le voir avec une sinusite carabinée, lui disant que la douleur dans lesdits sinus est si intense que j'ai l'impression d'avoir un poignard sous les yeux et il me renvoie chez moi avec du paracétamol et pas d'antibiotiques. Parce que, je vous le donne en mille, "les antibiotiques, c'est pas automatique".

Résultat, ça fait cinq jours que j'ai 38,5°C de fièvre, que je suis au fond de mon lit, pendant que ce $£#%§¤*! est parti en vacances, se lavant les mains de me laisser sans traitement. Bref, il ne me reste plus qu'à trouver un autre médecin pour me faire prescrire une ordonnance digne de ce nom. J'abhorre ces médecins nouvelle tendance, made in directives de la Sécu, et devant lesquels il faut désormais crever la gueule ouverte pour avoir le droit au moindre médicament. Je n'aime pas les médicaments, je n'en abuse jamais, et pour cette raison, je le prends assez mal quand on me les refuse alors que j'en ai besoin. Je fais des sinusites abominables tous les hivers, c'est écrit dans mon dossier, mais niet. Donc, au final, ce médecin qui prétend vouloir faire économiser de l'argent à la Sécu va en fait lui en faire dépenser: alors qu'une dose d'antibiotiques, même à titre préventif, aurait coûté entre 5 et 9 euros, là, c'est une seconde consultation que la Sécu va devoir me rembourser. Pathétiquement contre-productif. Et bien sûr, en plein milieu des vacances scolaires, facile de trouver un médecin remplaçant. Je sens que ce médecin, dont j'ai toujours trouvé le diagnostique plus que douteux et hésitant, va m'avoir vue pour la dernière fois. En fait, pour dire la vérité, je n'allais le voir que parce qu'il est à cinquante mètres de chez moi et parce que je lui trouve de belles qualités humaines. Il se soucie de ses patients, assure un suivi, se souvient de vous et de votre historique, de surcroît, c'est un médecin social, qui pratique (je vous le donne en mille) le tarif Sécu sans un poil de dépassement et accueille sans rendez-vous, ce qui fait que ça salle d'attente ressemble plus aux urgences de l'Hôtel-Dieu la nuit qu'à un cabinet de médecine traditionnel, et qu'il ne finit sans doute jamais avant 21h. Bref, des qualités somme toute un peu désuètes dans la médecine d'aujourd'hui, qui semblent dénoter un praticien qui exerce plutôt par vocation médicale que par appât du gain. Son diagnostic, en revanche, c'est une autre histoire. Et ne parlons pas de son écoute des patients, puisqu'il a ignoré ce que je lui disais sur mes sinusites.

Je trouve qu'il est devenu excessivement difficile de mettre la main sur un bon praticien généraliste. Est-ce parce qu'un généraliste, c'est un médecin qui a échoué au concours de l'internat? Il est certain que peu exercent la médecine généraliste par vocation. Tous mes potes qui faisaient médecine se rêvaient chirurgiens; aujourd'hui, la plupart sont généralistes. Heureusement, les conditions du concours sont en train de changer. Ceci dit, on peut être une bête à concours et un mauvais médecin ou vice-versa. Mais j'émets quand même des doutes, notamment dans le cas d'un copain qui, après quatre dérogations pour repasser le concours, ne l'a toujours pas eu. Quel médecin fera-t-il s'il réussit un jour son concours?

Dans les quartiers bourgeois de la capitale, les généralistes se prennent pour des tiroirs-caisses: leurs consultations sont exorbitantes et beaucoup n'hésitent plus à proposer de la chirurgie esthétique ou des régimes sachets (sur lesquels ils touchent des cadeaux illégaux ou des pourcentages divers et variés). En Suisse, l'hiver dernier, le généraliste de ma mère (consulté pour une sinusite ethmoïdale) m'a d'emblée suggéré des injections de botox pour les rides que je n'ai pas (le premier truc que les vendeuses conseil en maquillage de Sephora et d'ailleurs me disent toujours, c'est que j'ai une peau de bébé sans imperfection et un teint de lait à faire pâlir d'envie). Comme quoi les enquêtes de Capital le dimanche soir sur M6 ne sont pas basées que sur de la fiction (il y avait eu un numéro spécial sur la question des dessous-de-table de la médecine généraliste).

Avant, je consultais le médecin généraliste de mon précédent quartier (j'habitais une rue qui a fait beaucoup parler d'elle ces dernières semaines, rue de la Banque, pour ne pas la nommer et dans laquelle règne un fier bordel coloré ces derniers jours, je suis passée voir) et qui s'était avéré être l'oncle de copains de classe de Première. Il est tout l'inverse de mon praticien du XXème. Son cabinet de la place des Victoires est désuet et la déco remonte à vingt ans, il vous accueille sur un bureau d'antiquaire avec une jovialité sans pareil et des noeuds-papillon dignes de Bozo le clown. Il est cultivé (un médecin qui lit, c'est primordial pour se tenir au courant des derniers progrès), bien connecté médicalement (il a une pléiade de confrères-amis illustres), ce qui peut s'avérer utile en cas d'hospitalisation, et il ne cède pas aux sirènes des pots-de-vin médicaux. Ses honoraires sont libres mais restent abordables (bien qu'au-dessus de mes moyens actuels) et il reçoit rapidement. Détail amusant, il refuse l'informatique, pratique la feuille de maladie marron, ne lit pas la carte vitale (ce qui doit finir par lui coûter en pénalités de la Sécu en la matière), et conserve son historique dans des cabinets à fiches qui débordent. Là où ça se gâte, c'est qu'entre le moment où vous passez la porte et le moment où vous ressortez, il ne s'écoule jamais plus de dix minutes et qu'à la seconde où vous sortez, il ne sait déjà plus pourquoi vous êtes venu le voir. Il débite du patient, c'est pour ça que vous pouvez toujours trouver un rendez-vous. Je ne compte plus les fois où le rappelant trois jours après une ordonnance, il m'a demandé par exemple si mon bras cassé allait mieux alors qu'il m'avait soignée pour une gastro. Ce qui est assez grave quand même. En revanche, il n'oublie jamais de me donner des nouvelles de ses neveux. Mais je continue d'aller consulter chez lui  une fois de temps en temps parce que j'ai confiance en son diagnostic.

Tiens, pendant qu'on y est, un autre détail que je trouve douteux, ce sont les médecins qui ont de la moquette dans la pièce dans laquelle ils vous examinent. Sachant par expérience personnelle quel foyer de bactéries et d'allergènes cela peut constituer (depuis que je vis avec du parquet et du carrelage et que j'ai viré le matelas en laine familial vieux de vingt-cinq ans au profit d'un matelas moderne, j'ai divisé mes allergies par cinq - et pourtant je ne suis pas allergique aux acariens), je trouve vraiment très limite d'en trouver dans des cabinets. Encore pour un généraliste, vu la nature des examens pratiqués, ça passe, mais pour un dentiste, un dermatologue ou même un gynéco, je trouve ça inconcevable. Et je ne comprends pas que les cabinets des médecins ne fassent pas l'objet d'inspections annuelles des services de l'hygiène. J'ai cessé de voir ma dermato de quartier parce qu'elle pratiquait de petites opérations sous anesthésie locale dans un cabinet avec moquette et jonché de piles d'un mètre de papier. C'est bien simple, en sept ans, je n'ai jamais vu la couleur de sa table: elle écrit sur trente centimètres de feuilles. Ne me dîtes pas que ce cabinet-là respecte les normes de l'hygiène. Un médecin qui se laisse aller comme ça, je trouve ça scandaleux. J'avais foi en son diagnostic jusqu'au jour où elle a fait une erreur de pure ignorance médicale sur ma personne. C'est la dernière fois qu'elle m'a vue.

Nombre de médecins m'ont répété "la médecine n'est pas une science exacte", "aucun médecin n'est infaillible", mais quand vous prenez sur le fait votre praticien en flagrant délit d'ignorance sur un sujet qu'apparemment vous connaissez mieux que lui (c'est dire!), difficile de continuer à lui faire confiance. Si je vous racontais toutes les conneries que j'ai pu entendre dans la bouche des médecins, il y aurait de quoi rivaliser avec les perles de Jean-Charles. Et j'en ai autant à l'encontre des grands pontes médiatisés à la tête de services de grands hôpitaux parisiens qu'à l'encontre de simples médecins. Depuis qu'on m'a retiré par erreur la vésicule biliaire à Saint-Antoine, dans soi-disant le meilleur service de chirurgie hépato-gastro-entérologique de la capitale, ma vision de la médecine a dramatiquement changé. Depuis ce temps-là, je m'informe systématiquement sur la nature de mes pathologies. Je potasse les sites scientifiques sur internet. Je lis en détail toutes les notices des médicaments qui me sont prescrits. Les témoignages d'internautes sont également édifiants, car Internet se révèle parfois l'unique forum pour exprimer certaines doléances. A prendre avec des pincettes, bien sûr, comme toute information provenant de ce biais. Mais dans mon cas, on y apprend notamment que les opérations de pompage des sinus ne sont efficaces que dans 50% des cas et que beaucoup de patients ont des sinusites récidivantes qui nécessitent plusieurs chirurgies. Parfois, ils ne guérissent pas avec tout cela.

En matière légale, il est toujours conseillé de faire vous-mêmes vos recherches, de suggérer des arguments aux avocats qui vous défendent; débordés comme il le sont et avec la complexité des procédures, ils ne passent jamais autant de temps sur un dossier que vous pouvez en passer vous-mêmes. Ils peuvent négliger des aspects qui sont cruciaux pour vous, utiliser un terme erroné et/ou préjudiciable devant un juge dans la description de votre situation. Dans un domaine que je connais bien puisque je milite au sein d'une association, c'est-à-dire les violations du droit du travail par les médias (qui sont hélas de nature systématique et non occasionnelle), beaucoup de pigistes assurent eux-mêmes leur défense, ayant constaté que cela donnait souvent de meilleurs résultats comparativement qu'en passant par les services d'un avocat.

Il en va de même pour la médecine. Je ne peux que conseiller à tous mes lecteurs s'ils sont un jour sérieusement malades de prendre un second voire un troisième avis médical et de s'informer au préalable de toutes les possibilités de traitements existantes, même expérimentales. Les processus de certification des médicaments sont très complexes en France, et c'est tant mieux car ils sont censés refuser l'homologation à des médicaments comportant de dangereux effets secondaires. Mais il faut savoir que certains médicaments en attente d'homologation en France sont déjà commercialisés à l'étranger, par exemple parce que plus de cas de la pathologie existent dans ces pays et qu'ils ont bénéficié de protocoles de tests étendus plus rapidement par ce fait. Le médicament miracle qui a soigné ma maladie grave m'est venu d'Egypte et je remercie l'équipe médicale qui a bravé les paperasseries pour me l'obtenir. A l'inverse, certains médicaments interdits à l'étranger et aux effets dangereux avérés sont encore commercialisés en France. La mère d'un de mes amis a dû subir une double greffe de poumon à la suite de complications gravissimes survenues à la suite de la prise d'un médicament nommé Mediator. On ne compte pas non plus les cas de cancers non diagnostiqués où les patients ont été renvoyés chez eux avec des médicaments psychotropes en étant accusés de somatisations diverses. C'est arrivé à l'un de mes amis et il n'est plus là pour en parler. Les médecins ont mis six mois à lui découvrir son cancer du pancréas, tout ça parce qu'il avait un ulcer bénin à l'estomac. Le syndrôme de l'arbre qui cache la forêt. Et je ne parle pas de ces patients qui se réveillent avec des bistouris oubliés dans le ventre après une opération. La presse fait régulièrement état de ces scandales que pourtant le Conseil Général de l'Ordre des Médecins, très solidaire, étouffe autant qu'il le peut. Combien de patients victimes ont perdu leur procès? Combien ont perdu la vie?

Citons aussi le fait que certaines maladies sont l'apanage de certains continents et que la faible prévalence de certaines maladies en Europe comparativement fait que les médecins connaissent mal les schémas thérapeutiques correspondants. On suggère toujours, par exemple, aux voyageurs victimes de maladies tropicales de se faire soigner sur place. De même, l'une de mes amies d'enfance victime d'une maladie génétique rare a été opérée sans succès des dizaines de fois en Europe avant de découvrir que sa pathologie comportait une caractéristique génétique propre aux Etats-Unis (sa mère est américaine). Depuis qu'elle se fait soigner là-bas, où des cas plus nombreux existent, son porte-monnaie se plaint mais sa vie a changé.

Tout ça pour dire que j'ai remarqué deux conséquences très positives au fait de m'informer médicalement: d'abord, comme je pose des questions plus pointues, j'obtiens des réponses plus pointues. Dans le cas de pathologies graves, voire terminales, beaucoup de médecins restent volontairement flous dans leurs explications. J'avoue que j'ai beaucoup apprécié de savoir la vérité concernant mes proches, et je ne l'aurais jamais obtenue si je n'avais pas posé les bonnes questions aux médecins qui se dérobaient. Je n'oublierai jamais l'apaisement sur le visage de mon père lorsque je lui ai expliqué ce que les médecins n'avaient pas pris la peine de lui dire. Ancien directeur de laboratoire pharmaceutique, il avait toujours pris grand soin de s'informer de ses traitements, et lire cette ignorance inquiète sur son visage, c'était indigne de lui. Car au fond, dans ces moments critiques, on a toujours l'intuition de la gravité de la situation et tout mensonge ajoute une douloureuse insulte.

La seconde conséquence positive, c'est que je pense sincèrement aujourd'hui être mieux soignée. Je trie mes médecins sur le volet, je communique l'adresse des meilleurs à tous ceux qui m'entourent, je leur fais la pub qu'ils méritent. Et, heureusement, au milieu d'un gros lot d'incompétents, il y a des médecins formidables, attentifs, pertinents et fiables, un sur cent peut-être, mais ce centième-là vous réconforte de toutes les erreurs des autres.

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Gromelage ultérieur: après cinq jours de fièvre, j'étais tellement affaiblie que j'ai dû appeler SOS médecin. J'ai montré ma radio des sinus faite la veille: mon sinus droit fait cinq fois la taille d'un sinus normal et j'ai la cloison nasale tellement déviée qu'on dirait un point d'interrogation. D'où les douleurs insupportables, qui irradient dans les tempes et le maxillaire et me tiennent éveillée la nuit. Inquiet, le médecin m'a prescrit une cure de deux antibiotiques différents pour quinze jours + un traitement de cortisone. Il est parti en me disant de consulter d'urgence le service d'ORL de la Pitié-Salpêtrière pour une opération de pompage de sinus sous quatre jours si je ne vais pas mieux. Je peux vous dire que mon crétin de médecin de quartier va m'entendre à son retour de vacances avec sa cure de paracétamol de mes deux.

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Commentaires
2
Chère BD,<br /> <br /> Quelques menus remarques un rien hors sujet.<br /> Excusez-moi.<br /> <br /> Depuis sa création, le 21/01/2005, Blogdifferent a reçu 74751 visiteurs qui ont lu en moyenne 1,68 page chacun.<br /> Soit en arrondissant 125 582 pages lus.<br /> Mais combien de pages a ce blog ?<br /> Quand on en sera à 2 pages chacun, page prendra-t-il un s ?<br /> Aurons nous droit à du champagne ?<br /> C'est quoi une page ?<br /> Que gagne le 75000 ème ?<br /> <br /> A propos de médecins, moins j'y vais mieux je me porte ou serait ce le contraire ?<br /> Le rôle du médecin est de soigner et de guérir les malades. A l'heure des objectifs dans le mode du travail, quel objectif leur donner ?<br /> <br /> <br /> Quelques citations :<br /> <br /> "L'avantage des médecins, c'est que lorsqu'ils commettent une erreur, ils l'enterrent tout de suite.. " Alphonse Allais <br /> <br /> ou plutôt <br /> <br /> "Tant que les hommes pourront mourir et qu'ils aimeront à vivre, le médecin sera raillé et bien payé."<br /> Jean de La Bruyère<br /> <br /> enfin un dernier...<br /> <br /> "Un médecin peut enterrer ses erreurs, mais un architecte ne peut que conseiller à ses clients de planter de la vigne vierge." Frank Lloyd Wright <br /> <br /> <br /> Bien à vous.
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C
Très important, ce post. Pour être atteinte d'un problème hormonal aux conséquences esthétiques pénibles, j'ai cru sur parole divers dermatos et endocrinos et suivi des traitements très lourds, jusqu'à préférer avoir une sale tronche que des douleurs dans tout le corps, une circulation sanguine effroyable et une vie sexuelle perturbée (trop mal au ventre !). Tous symptômes qui ont disparu dès l'arrêt du traitement, malgré l'assurance des médecins que tout ça ne venaient pas des médicaments mais de mes prédispositions naturelles. Quand j'ai cherche sur les forums (doctissimo par exemple, qui fonctionne beaucoup sur l'affectif mais fournit parfois de bonnes informations), j'ai halluciné en lisant les conséquences dramatiques de ces traitements sur certaines personnes. Donc il faut tomber sur des messages hâtivement tapés en langage SMS pour avoir l'information que des médecins refusent de donner !<br /> Je pense qu'à Paris, ça vaut le coup de conserver un bon médecin même quand on déménage. La mienne est pas mal, sans dépassements d'honoraires, mais elle ne reçoit pas tous les jours et il faut prendre rendez-vous. Par contre, je suis preneuse pour l'adresse d'un bon gynéco, car je n'y vais plus à force de tomber sur des connards !
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