Rêve n°2: Dans les bras de Dali
Je m'éveille à regret de mon rêve.
J'avais retrouvé dans les archives familiales une vieille photo. Un format rectangulaire, en noir et blanc, collé sur une feuille de papier sur laquelle semblait être griffonnée une lettre à ma mère. L'écriture avait une graphie particulière, décidée, volontaire; elle trahissait une forte personnalité. Mais c'est la photo qui captait toute mon attention.
L'on y voyait, en arrière-plan, de face sur un piédestal en forme de tambour, ma mère, jeune et épanouie, dans une robe couture blanche à volants, telle une vestale hispanisante avec ses cheveux de jais et ses bras dressés en arc au-dessus de sa tête. Ma mère d'une beauté irradiante, spontanée et espiègle.
Debout, face à un chevalet, tournant le dos à ma mère, qui semble pourtant poser pour lui, le peintre tient un long pinceau brosse dans la main droite. Il prend du recul pour juger de son oeuvre, un autoportrait caché par le chevalet. Et, lové contre lui, au creux de son bras gauche, un petit bébé sourit. Ce bébé, c'est moi.
Le peintre me regarde avec une tendresse toute paternelle et nous fixe pour l'éternité sur la toile. Réunis par la magie du pinceau, nous ne faisons qu'un. Ce peintre qui me tient entre ses bras, c'est Dali. Et les mots griffonnés sont une lettre d'amour à ma mère.