Onomastique (bien mastiquer après la lecture)
Si vous êtes nés comme moi dans les années 70, vous n'avez pas manqué de voir apparaître à l'époque du film Danse avec les Loups une floppée de Kevin dans les prénoms les plus branchés de la banlieue.
Eh bien, vous ne le saviez sans doute pas, mais à côté de la dernière mode qui pue et qui consiste à appeler son chérubin des cités Dior, Chanel ou Sephora (pas la Sephora qui a épousé Moïse, hein, celle qui vend des parfums), il en est une autre qui crie tout haut le niveau d'instruction parental. C'est la mode des prénoms (en majorité américains) écrits phonétiquement parce qu'on ne sait pas faire mieux.
Cela donne:
- Jenifaire (ni fait ni à faire)
- Brenneda
- Dayane
- Alyssya (parce que plus un prénom contient de Y ou de K, plus il fait original et exotyk)
- Kayvin (fallait bien revamper l'ancien)
- Mikaella
- Miryame
- Pryssylla (pas grave si ça sonne comme le prénom d'une actrice porno, c'est pas vous qui le porterez)
Je ne conçois pas de donner une faute d'orthographe en guise de prénom. Sacré départ dans la vie pour votre chérubin. Les employeurs savent d'emblée de quel milieu culturel vous venez avant même de lire votre cv. Notez bien que cette mode n'est pas très originale, car les Américains avaient longtemps auparavant commencé à massacrer les prénoms à consonance latine par des transcriptions phonétiques toutes plus cocasses les unes que les autres (sauf quand il s'agit de votre prénom et qu'au cours d'un voyage, il vous faut expliquer toutes les cinq minutes pourquoi vous ne l'orthographiez pas comme un gros ignare) :
- Denisse
- Vanesa
- Deanna ou Dyanne ou Dionne ou Dyonne
- Alexys
- Estefani
- Melany
- Jacquelyn (où l'on constate à nouveau l'importance catégorique du Y comme facteur d'originalité)
Enfin, ça ne vaut pas le Français qui a fait le 20 Heures pour avoir appelé son fils Vivelarévolution en 1989, année où a cessé l'obligation pleine de bon sens de nommer son enfant à partir d'un prénom du calendrier (encore une belle connerie de la République).
Voilà, c'était votre envoyée spéciale dans le Neuf-Cinq: Cognacq-Jay, à vous les studios.