Mourir sur scène
Je nourris une admiration sans borne pour ces comédiens de théâtre qui continuent de s'approprier la scène - et avec quelle majesté pour certains - bien au-delà de l'âge de la retraite.
Le théâtre me déçoit souvent. Par la médiocrité de certains textes contemporains, par des mises en scène minimalistes, révisionnistes ou tout simplement ridicules, par des dictions médiocres et des jeux d'acteurs ennuyeux. N'est pas Guitry ou Goldoni qui veut.
Le souvenir d'une poignée de pièces en revanche, a traversé les années et imprégné ma mémoire: je n'avais que neuf ans, mais je n'ai rien oublié de La fille sur la banquette arrière où Jean-Pierre Cassel apparaissait nu sur scène (1983), ou plus tard de Lorenzaccio à la Comédie Française avec un Redjep Mitrovitsa (1989) d'un sublime à se pâmer, de La Confession d'un enfant du siècle / On ne badine pas avec l'amour / Il ne faut jurer de rien mis en scène avec goût et légèreté par Jean-Pierre Vincent au Théâtre des Amandiers de Nanterre (1992-93), d'un Barbier de Séville de Beaumarchais dont le classicisme opulent m'avait réconciliée avec la Comédie Française à l'époque creuse dans les années 90 où ces mécréants osaient jouer Iphigénie en costume de S.S. et sans décor. La Locandiera et La Pamela, aussi, mais ma mémoire me trahit (Théâtre de l'Odéon?) et je n'ai pas le courage de fouiller mes archives.
Mardi soir, j'ai vu avec ma tante une pièce qui m'a réjouie, avec deux grands comédiens dont nous tairons l'âge, et dont le jeu majestueux est un hymne à la gloire du théâtre. C'était David & Edward de Lionel Goldstein, mis en scène par Marcel Bluwal au Théâtre de l'Oeuvre à Paris, avec Michel Aumont et Michel Duchaussoy. Foncez-y s'il reste des places.
Voici ce qui en est dit:
Voici David, retraité, un homme grincheux qui a toujours éprouvé de la difficulté à exprimer ce qu’il ressent, un homme d’affaires très prompt à réagir mais totalement dénué d’imagination. Et voici Edward, retraité lui aussi, un homme droit, chaleureux, sensible, cultivé, tranquille, une sorte de héros romantique vieillissant.
Dans des circonstances très particulières, ces deux hommes vont découvrir qu’ils partagent quelque chose d’infiniment précieux : l’amour d’une femme.
David et Edward, une œuvre intelligente et originale qui explore la toile complexe du mariage et de l’amitié, avec ses secrets et ses mensonges, un tableau vibrant des mystères qui enveloppent les relations humaines.
Un spectacle plein d’humour et d’émotion !
Presse:
"Presque rien, cette situation. Mais cela donne un merveilleux moment de théâtre, un grand moment à la fois très drôle et très sentimental. Cela va aussi plus loin... Car, guidés avec tact et intelligence par Marcel Bluwal, les deux comédiens donnent une humanité profonde aux deux hommes.(...) Il y a de la tendresse, une ironie blagueuse dans ce moment inattendu et drôle. Le Figaro, Armelle Héliot, 01/02/2010
"Le texte semble taillé sur mesure pour les deux Michel, Aumont et Duchaussoy, tant ils endossent avec tact et sensibilité leur costume de vieil amoureux transi. Ils sont exceptionnels et le public ne s'y trompe pas qui les applaudit sans réserve." Le Figaro, Nathalie Simon, 25/01/2010
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P.S. Je me sens un peu seule ces temps-ci: pratiquement aucun commentaire sur mes derniers posts; vous n'avez jamais été aussi silencieux. Pourtant le nombre de lecteurs ne baisse pas, au contraire. Les sujets abordés ne vous intéressent pas? Sincèrement? J'écris pour partager, et si le partage ne se fait pas, j'avoue que pour moi cela perd son sens... Cela m'attriste et je m'ennuie de vous.