Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
blog different
21 août 2009

Happiness is a cigar called Hamlet

Le bonheur est une chose simple.

 

 

Lors de mon premier séjour en Thaïlande, j'avais appris exactement trois mots de Thaï: bonjour, merci, l'addition. Des mots stratégiques, me direz-vous, et qui m'avaient amplement suffi, vu qu'en Thaïlande, tous ceux qui touchent de près ou de loin aux touristes connaissent l'anglais de base requis pour la bonne marche de leurs affaires.

 

 

Lors de mon second séjour, très bref, puisque j'étais partie pour le Cambodge, je n'avais pas appris un mot de plus. Et d'ailleurs, je le dis avec contrition, je ne connais qu'un seul mot en Khmer, et pas stratégique du tout, fantôme. Parce que le petit garçon de mon hôtel passait son temps à courir partout en faisant des hou-hou avec un drap sur la tête. J'aime cette trivialité du hasard.

 

 

Mais voilà, cette fois-ci, les choses ont été différentes. Je ne saurais expliquer pourquoi exactement, un mélange de conjonctures: la Thaïlande envahie de Français et d'Italiens du Sud, la répugnance que j'ai développée à l'égard de leurs comportements mêlant le pire de l'arrogance colonialiste à l'impolitesse, une série de mésaventures avec des chauffeurs de mini-bus (une véritable engeance - alors que les chauffeurs de taxi et de túk-túk sont très sympas), la frustration de ne jamais se faire comprendre lorsque l'on dépasse le contexte des échanges commerciaux de base, etc.

 

 

Les choses sont différentes parce que, cette fois-ci, je fais des efforts désespérés pour apprendre environ quatre mots de Thaï par jour. Et c'est tout sauf facile, parce qu'il y a des accents comme en Chinois, des séries de consonnes totalement imprononçables, et puis parce que c'est toujours un défi que de se lancer dans l'apprentissage d'une langue dans laquelle on n'a aucun repère visuel ni sonore. Bon, j'avais déjà appris des bribes d'Hindi pendant mon mois en Inde il y a quinze ans, et fait un an de Chinois et trois mois de Japonais en cours du soir. Et puis il y a aussi le fait que je baragouine le Cinghalais (une des langues du Sri Lanka), donc, ce n'est pas la première fois que je me frotte à une langue totalement inconnue, à l'écriture sémantiquement opaque pour moi.

 

 

 

Je suis actuellement à Maenam, dans la partie la moins habitée de l'île de Koh Samui, sur laquelle je n'avais initialement pas du tout prévu d'aller, car c'est sans doute la plus urbanisée des îles thaï, mais sur laquelle j'ai aterri par un désagréable concours de circonstances familiales sur lesquelles je préfère passer. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, j'ai décidé de rester à Samui parce que le ciel constellé de Maenam, sa végétation qui exhale une odeur poivrée la nuit tombée, ses chiens errants qui vous accompagnent et ses rues sans électricité m'ont charmée. Loin des infâmes complexes touristiques des plages de Chaweng, le soir, les grillons font un bruit assourdissant, et, dans mon petit bungalow aux murs tapissés de rotin que caressent les grandes feuilles des bananiers, je suis bien.

 

 

Créature d'habitudes que je suis lorsque je découvre un lieu d'exception, j'ai pris mes quartiers culinaires au Phalarn House Restaurant. Et, là aussi, nouvelle résolution: à chaque repas, je goûte un plat traditionnel thaï different. Alors que la 1ère année, éberluée par la découverte de cette cuisine si fine et si gustativement complexe, je m'en étais majoritairement tenue à deux classiques dont je ne me lassais pas: Pad Thai (nouilles thaï sautées aux légumes avec noix de cajou pilées et citron vert, un délice) et Tom Kha Khai (soupe de poulet au lait de coco et à la citronnelle, également succulente), cette fois, chaque repas est une aventure... Et je me gausse intérieurement de l'infinie bêtise et de l'étroitesse d'esprit de ces touristes qui commandent des hamburgers, des spaghetti bolognaise et des French fries dans ce temple de la gastronomie et que les Thaïs, dans leur infinie bonté, sont bien trop faibles de leur servir.

 

 

Au Phalarn House Restaurant, la patronne et son mari, se prenant au jeu de mon apprentissage du Thaï (touchante reconnaissance de mes efforts!), s'amusent tous les jours à m'apprendre de nouveaux mots.

 

 

Tout à l'heure, je suis passée faire deux courses au mini-market du débarcadère de Maenam. Et là, ô surprise, dans cet endroit régulièrement bondé de touristes en partance pour d'autres îles, et où l'on s'attendrait à tout sauf à un gramme d'authenticité, la patronne quinquagénaire ne parle pas un mot d'anglais, même pour annoncer le montant à payer. Et, grâce à la résistance merveilleuse de cette femme, qui oppose vaillamment sa langue maternelle aux assauts corrupteurs du tourisme de masse, j'ai eu, ô délice, ma première conversation - si limitée fut-elle - en Thaï authentique.

 

 

Je vous le disais, le bonheur est une chose simple.

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité