Horoscope du jour: je patauge
"Vos relations sentimentales ont tendance à vous éloigner de vos véritables attentes. En effet, vous qui êtes si férue de liberté, d'innovation et d'originalité, vous avec trop tendance à vous engoncer dans une relation affective prudente et sans grande imagination. Libérez-vous, et cessez de réfuter vos véritables pulsions ! Un volcan sommeille en vous..."
C'est le contenu quelque peu surréaliste de l'horoscope gratuit et quotidien de Club-internet qui vient de tomber dans ma boîte mail. Je me suis abonnée à cet horoscope il y a plusieurs mois, et je dois dire avec la perspective de ces mois écoulés que la pertinence dudit horoscope est parfois totalement déconcertante.
J'ai été trop sincère avec mon homme hier soir.
Lui sentant un attachement d'un sérieux que je n'étais pas en mesure de réciproquer, et refusant de prétendre que c'était le cas, j'ai choisi la voie de la loyauté. Je lui ai dit que je ne me voyais pas faire des enfants et vieillir avec lui. Que je tenais sincèrement à lui, mais qu'à l'âge que nous avions (moi 32 et lui 34 ans), je me sentais un devoir de ne pas mentir et se mentir. Les mots sortaient tout seuls, sans que je puisse les freiner. Une fois la vanne ouverte, je n'arrivais plus à me taire.
En initiant cette relation, je n'avais pas envisagé que mon homme serait si fusionnel. Je n'avais pas perçu nos intelligences et nos goûts si différents et irréconciliables. Je le fréquentais amicalement depuis trois ans, et finalement, je n'avais pas la moindre idée de qui il était. Et l'euphorie de la nouveauté n'a pas duré, les différences m'apparaissent chaque jour plus cruelles.
Mon homme est quelqu'un de bien, il est généreux, attentionné, voire aux petits soins pour moi. Il est fidèle et loyal. L'antithèse parfaite de mon ex. J'ai toujours rêvé de quelqu'un qui me dorlotte ainsi. Et les premiers jours, j'étais comblée. Mais le poids de la réalité me pèse de plus en plus. Je me retrouve à bouder son lit, confirmant cette idée que le sexe est un baromètre du couple.
Hier soir, les mots ont fusé hors de ma bouche. J'ai d'abord sondé le terrain et demandé s'il voyait encore ses ex, s'il avait déjà terminé une relation en restant en bons termes. Il m'a fait une réponse sans ambages: "Si on se sépare, je ne te verrai plus". Pour se protéger, car il aurait trop mal. La vérité, c'est qu'il n'est pas très équilibré affectivement, d'où le fusionnel, et chaque fois qu'une histoire sentimentale, même non sérieuse prend fin, c'est la fin des haricots pour lui et il déprime et se morfond pendant des mois, avec le taux d'alcoolémie assorti. Je me souviens de lui avoir demandé combien de fois il avait été amoureux. Il m'avait répondu "A chaque fois". Ce qui, statistiquement, ne paraît pas très naturel. Bref, tout cela pour dire que, si je pousse le bouchon plus loin jusqu'à la séparation, je ne le vois plus, et j'ai fichu une pagaille royale au sein de nos amis communs.
Est-ce que je veux cette séparation? Une partie de moi serait soulagée, délivrée. Une partie de moi se sentirait très seule sans sa tendresse au quotidien. Il m'a dit ce matin qu'après mes révélations, il me voyait comme une étrangère, qu'il avait envie de partir. J'en ai pleuré. Je ne cesse de retourner cette phrase dans ma tête et j'ai mal d'y penser. Qui pourrait le blâmer de partir? Certainement pas moi. En vérité, si je lui ai dit ce que j'ai dit hier soir, c'était pour lui offrir ce choix. Peut-être même en espérant en partie qu'il le saisirait, pour que ce soit sa décision, que la séparation soit plus consentie et moins difficile, qu'il ne se sente pas abandonné et trahi, et par conséquent, qu'elle nous permette de garder de meilleures relations...
J'ai essayé de lui faire entrevoir qu'en lui parlant, je n'avais pas choisi la facilité. Mais plutôt la voie du respect et de la loyauté. Qui sait, face à un homme éperdument amoureux, combien on peut faire durer un couple dans le mensonge et la temporisation? Non, chéri, je ne suis pas libre ce soir, j'ai plein d'articles en retard à rendre. Oh, je suis épuisée, ça ne te dérange pas si on éteint la lumière? Et quoi, du jour au lendemain dans six mois, je le quitte sans raison valable, alors qu'il n'a rien vu venir?
Je ne voulais pas de ces charades. Pour le meilleur et pour le pire, je suis trop franche. Mais tous les deux, on se sent tellement mal aujourd'hui... je me demande si je n'aurais pas dû me taire et feindre. Il souffre, je souffre de le faire souffrir, bref, on en sort pas. Il tente aussi le déni: "C'est parce qu'on s'est disputés cette semaine." Je lui dis que non. Il tente de ré-espérer: "Dis-moi quand tu te sentiras prête à ce que l'on vive ensemble". Pffff... dans quelle panade je me suis mise.
C'est officiel, je patauge...